La fin de la plainte
"La fin de la plainte" est le titre d'un livre du philosophe et thérapeute François Roustang où, dit le résumé, "La plainte est devenue, avec la modernité, encore plus fausse, véritable perversion narcissique témoignant tout bonnement du refus d'être heureux."
La fin de la plainte est ainsi l'objectif de tout travail sur soi. Ce qu'on peut voir comme la reprise en main de son destin. Sortir du rôle de victime et assumer la responsabilité, parfois cruelle, de notre devenir.
Les personnes qui font appel à un praticien — j'emploie volontiers ce mot très vague, car le propos concerne toutes sortes de métiers : coach et thérapeute, mais aussi consultant et même prestataire de service — ont souvent tendance, dans un premier mouvement, à se reposer entièrement sur lui et à attendre qu'il apporte la solution sur un plateau.
J'ai appris voici longtemps cette leçon, lorsque je dirigeais mon entreprise de services informatiques : mes pires projets furent lorsque le client ne s'en occupait pas. Nous étions alors, avec mon équipe, en quelque sorte livrés à nous-mêmes, sans personne pour nous contenir ni nous prévenir de toute sortie de route.
C'est, à l'évidence, encore plus vrai dans un travail sur soi. C'est ainsi que la plainte est une sorte de chant des sirènes pour attirer à soi les bonnes volontés et tenter de leur faire faire ce que nous refusons nous-mêmes de faire: nous changer. Vain espoir !
C'est pourquoi, tout praticien doit, d'une certaine façon, tel Ulysse quand il entendit le chant des sirènes, s'attacher à son mat pour s'empêcher d'écouter le doux chant qui lui dit : "Tu es beau, tu es fort, tu vas résoudre mes problèmes..."