Vouloir ce qui est bien pour soi, c'est égoïste ?
Je ne le crois pas. Je crois que c'est courageux. Peut-être parce que je crois que vouloir ce qui est bien pour soi demande des efforts, efforts de changement et de transformation, tandis que l'égoïsme procède plutôt d'une paresse.
Il me revient en tête un épisode désagréable. J'avais un différend avec une personne. Je lui propose de nous rencontrer pour en parler. Elle accepte d'abord avant, un quart d'heure avant, de décliner la proposition. J'ai réalisé que "ça n'était pas mon besoin", se justifia-t-elle. Je vous avoue que, depuis, cette expression m'agace.
Ma conception du "bien" fait qu'il ne peut être que partagé, au moins en partie. Nous sommes restés chacun avec notre différend et cela a eu raison définitivement de notre relation. Ma représentation de la situation – mais je n'ai que cela – est que cette personne a évité la situation. Je peine à croire qu'elle ait agi pour son propre bien mais plutôt par une forme d'évitement.
Ainsi de l'égoïsme, bien souvent, qui est moins une vilaine intention de tirer la couverture à soi qu'un simple repli sur soi. Au contraire de la volonté de bien, pour soi et pour les autres, qui demande un courage qui, il est vrai, nous manque parfois.