Libre, moi ? Jamais !
"Rien ne pose tant d'obligations à l'individu que la liberté" — Viékoslav Kaléb, auteur yougoslave.
La liberté fait partie de ces bienfaits à double face, avec la nouveauté et le changement. Ils ont un prix. Intellectuellement, nous ne pouvons que les souhaiter, mais nous aimerions bien les avoir "gratis". Et ce prix est au fond vertigineux, au sens propre du terme : la liberté, comme la nouveauté, est un vertige. Le vertige des possibilités infinies, le vertige de la chute hors de soi-même — alors que la servitude à nos habitudes, à notre "toujours pareil" est semblable à un cocon, confortable et réconfortant. D'ailleurs, nous protestons souvent face à la soi-disant privation de liberté, contre le fait que nous ne pouvons plus faire comme avant. Nous protestons contre le fait que nous sommes bousculés dans nos habitudes. Mais la vérité est que toute contrainte apporte de nouvelles libertés. Qui, pour être découvertes, demandent efforts et prises de risques ; qui impliquent l'angoisse, la fameuse angoisse existentielle de liberté car, quoi qu'il arrive, nous n'avons jamais le choix de pas avoir le choix, nous n'avons que le choix de notre destin et ce que ça implique : se tromper et engager notre vie dans des chemins douloureux. C'est ainsi que la liberté n'est pas un cadeau mais le fier blason d'une forme d'héroïsme...