Fuir le danger, fuir le conflit
C'est bien connu: face au danger, il y a trois réactions possibles dans le monde animal, l'attaque, la sidération et la fuite. La fuite est donc toujours une option et a permis à nombre de créatures de survivre face à plus fort qu'eux. L'homme est d'ailleurs devenu le maître du monde, non pas grâce à son intelligence, mais grâce à son endurance et son esprit de groupe qui lui ont permis de forcer la fuite de ses proies jusqu'à l'épuisement. Michel Serres rappelle utilement dans "Variation sur le corps" qu'un homme âgé peut encore courir 100 km tandis qu'un lion mâle s'arrête au bout de 60 mètres. L'être humain est l'espèce qui a su rendre la fuite vaine. Peut-être ceci explique-t-il le mépris que nous concevons pour le fait de fuir. Ce qui ne nous empêche pas – et fort heureusement – d'être capable de le faire. Mais nous pouvons le faire avec nos qualités et non simplement par instinct. C'est-à-dire en fonction de la situation. Toutes les situations de conflit ne sont pas dangereuses. Et tous les dangers perçus ne font pas réels. Ce qui est problématique dans la fuite, ce n'est pas le fait de fuir, c'est le fait de fuir systématiquement dans certaines circonstances. Jusqu'à l'épuisement.