Il n'y a pas pire angoisse que celle qui ne dit pas son nom...
Le fond de notre âme est tapissé d'angoisse. La peur de la mort d'abord — que les philosophes appellent l'angoisse de finitude, qui englobe toutes les fins de notre existence : la fin d'une relation, la fin d'un projet, jusqu'à la fin du jour et des vacances. Mais aussi la solitude et la quête désespérée de sens dans un monde qui semble parfois tout entier gouverné par l'absurde.
Toute angoisse est douloureuse. D'où le mouvement naturel de l'âme de s'en détourner. C'est chose saine, car on ne peut vivre en permanence dans la douleur. Mais, si les distractions sont puissantes au point de nous faire oublier cette angoisse, alors elle devient le moteur caché et secret de notre comportement. Nous devenons, nous-même, une sorte de marionnette. C'est l'histoire des pilules rouge et bleue de Matrix : l'une vous ramène dans un monde confortable — et frustrant en ce qui concerne le héros du film —, l'autre est amère mais vous permet de vivre un plein engagement dans la réalité. J'ajouterai que la promesse de la première pilule est un marché de dupe. Nous ne vivons jamais qu'en surface dans l'illusion. En profondeur, la douleur est diffuse et, comme elle n'est pas identifiée ni nommée, se développe une angoisse plus puissante encore : l'angoisse de l'angoisse.
Alors ? Pilule bleue ou pilule rouge ?