Notre part d'ombre
Dans le livre "Ils m'ont haï sans raison", le philosophe Jacob Rogozinski avance l'hypothèse que la haine est une partie refoulée de soi que l'on projette sur autrui. Une sorte de version de "la paille et la poutre", la paille dans l'oeil du voisin étant en fait une sorte d'illusion d'optique due à la poutre que nous avons dans l'oeil mais dont ne voulons pas reconnaître l'existence. C'est ainsi, dit-il, que se constituent les grandes haines collectives, à commencer par la haine des sorciers et sorcières qui ont conduit quelques 200 000 personnes au bûcher à l'époque de la Renaissance et même des Lumières (la dernière sorcière a été brûlée en 1782 en Suisse).
De même pouvons-nous faire nous aussi l'hypothèse que nos haines les plus tenaces se nourrissent de parties de nous. Le travail sur soi de reconnaissance et d'accueil de cette obscurité est un chemin vers moins de haine, moins de tensions intérieures et finalement plus de douceur dans le monde.
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