Rejoindre l'autre, fut-il ennemi
Charles Rojzman, qui oeuvre avec la thérapie sociale à faire parler ensemble des gens qui ne veulent plus se parler, rapporte le témoignage d'un participant à l'un de ses séminaires de travail, au terme d'une dizaine de jours qui, s'adressant à "ceux d'en face", avait dit: "vous êtes toujours nos ennemis, mais vous n'êtes plus des monstres".
Quoique le résultat puisse ne pas paraître satisfaisant – nous voulons la paix entre les peuples – c'est néanmoins un énorme pas et la condition sine qua non d'un progrès ultérieur.
Mais il n'est pas nécessaire d'être en guerre pour voir des monstres. Notre époque en fabrique quantité de toutes sortes. Certains crimes transforment leurs auteurs en monstres, surtout s'il y a de la vulnérabilité chez leurs victimes. Et les théories conspirationnistes ne sont rien d'autres que des moyens de transformer des personnes en monstres: les puissants, les gouvernants ou, dans un autre registre, les "profiteurs" du système, qu'ils soient des pauvres qui abusent des systèmes sociaux ou des moins pauvres, voire des riches qui fraudent.
Comme une justice qui les déclare coupables n'était pas suffisante. Oui mais la justice applique toujours des peines transitoires car la justice est censée réhabiliter les coupables d'hier. Et ça, il semble que ce soit pour certains... monstrueux.