Un meilleur passé
"Il faut renoncer à l'idée d'un meilleur passé", a dit le célèbre psychothérapeute américain Irvin Yalom. Est-ce si sûr? Faut-il renoncer à transfigurer les fantômes qui nous hantent en des créatures plus sympathiques? Certes, notre passé ne peut être transformé. Nous ne pouvons pas changer notre naissance, les lieux de notre enfance, la fortune et l'infortune que nous avons rencontrées. Mais nous pouvons transformer le goût que les épreuves nous ont laissé. Nous pouvons transformer le poids que, au nom du passé, nous faisons peser sur notre quotidien, tout ce qui alimente nos craintes, nos empêchements et, au final, nos douleurs.
Tout le difficile est que ce passé, fût-il souvenu, nous soutient. Tout travail sur soi est ainsi une sorte de "reprise en sous-œuvre", une reconstruction des fondations sous un édifice existant. Un travail délicat fait à petits pas. Changer est ainsi comme marcher: aller d'appui en appui et abandonner les lieux que nous occupions récemment encore. Parmi ces lieux, il y a l'endroit d'où nous regardons notre passé. Si celui-ci est fixé à jamais, nous avons toute latitude pour le regarder sous d'autres angles et nous en faire une autre représentation, plus propice à un présent plus heureux et plus ajusté aux situations que nous rencontrons.