Critiquer le pouvoir
Au choix le président, le gouvernement, l'assemblée, l'oligarchie, les grands de l'économie. L'indignation est permanente. Je ne voudrais pas dire que toute critique du pouvoir est absurde ou encore moins infondée. Il y a cependant dans l'exercice de ce genre de critique un risque de poison. Si je critique le gouvernement, c'est très souvent en pure perte, de façon totalement inopérante. Ma critique n'a aucun impact. Je me cantonne ainsi dans un rôle de victime impuissante. Là est le poison: me forger peu à peu de moi-même l'image de quelqu'un qui subit totalement le monde et n'y peut rien.
Si je n'y peux rien alors quelqu'un peut (c'est-à-dire qui a le pouvoir) à ma place, bien entendu celui qui est là, en face de mon doigt tenu et accusateur. J'entends là que la critique donne, au moins dans mon imaginaire, encore plus de pouvoir aux gens de pouvoir. Parfois jusqu'à l'absurde. C'est pourquoi, ne serait-ce que pour ma santé personnelle, je préfère toujours imaginer que les gens de pouvoir n'ont pas autant de pouvoir que les apparences ne leur en donnent, qu'ils sont en fait beaucoup eux-mêmes dans l'impuissance.