Plus, c'est moins. Moins, c'est plus.
L'épidémie actuelle nous contraint de nous enfermer. Ce n'est pas chose facile et nous résistons. Nous ne voulons pas renoncer à notre liberté et, dimanche dernier, les parcs et jardins étaient pris d'assaut et bondés. Sortir au grand air, voilà quel semblait être le mot d'ordre des Parisiens! C'était bien entendu une absurdité sur le plan de la santé publique puisque c'était nous faire courir le risque, à nous-même ou à notre entourage, de nous retrouver enfermé dans une chambre d'hôpital. Mauvais calcul, donc. La plupart pourront me rétorquer qu'ils y étaient et n'en ont pas pâti. Attendons cependant. Que l'épidémie prenne de l'ampleur et que ceux-là réalisent combien les risques furent inutiles, alors il ne leur sera plus nécessaire d'avoir été des porteurs avérés pour s'enfermer dans le remords, voire la culpabilité. "Si j'avais su", pourront-ils dire.
Mais nous savions pourtant et, moi le premier, nous n'en avons pas tenu compte autant que la situation l'exigeait.
À l'inverse, si je m'enferme — ce que j'ai personnellement commencé à faire —, alors s'ouvre quelque chose de nouveau. Certes, j'ai la chance de n'être pas à ce point fragile que la situation économique ou sanitaire me mette en danger pour le moment et c'est une grande chance. Voilà cependant que je m'éloigne de ma vie quotidienne. Et, tandis que j'éprouverai dans ma chair le manque de liberté, je verrai avec un peu de recul, tous les enfermements dans lesquels, par habitude, je m'étais laissé prendre. Ce qui est le début d'une nouvelle liberté.