Ne pas être à la hauteur
Continuons notre exploration des sentiments indignes : après la honte, celui de n'être pas à la hauteur.
Le sentiment de ne pas faire ce qu'il faut, de sa propre indignité, de ne pas faire ce qu'on attend de nous ou de ne pas en être capable.
L'histoire de la semaine, issue d'une autre époque et d'autres mœurs, nous donne à voir une autre possibilité de considérer notre place dans le monde.
Qui que nous soyons, nous ne sommes probablement pas le sauveur que le monde attend. Quelqu'un viendra sans doute après nous, qui accomplira des prodiges, mais nous ne sommes pas celui-là ou celle-là.
Nous le constatons chaque jour, dès lors que nous ne sommes plus de première jeunesse : certains de nos cadets ont accompli des rêves que nous n'avons pas su mener à bien.
Le Moyen Âge, en plaçant chacun dans une lignée et un destin au-dessus de lui, nous permettait d'accepter notre propre place et que d'autres accomplissent ce qui a été hors de notre portée.
Au contraire, le sentiment de toute-puissance que nous confère l'époque actuelle peut faire peser sur nos épaules l'exigence d'une réussite sans limites.
Il me semble que la gratitude d'avoir ce qu'il nous est donné d'avoir peut nous redonner la sagesse d'accepter d'être ce que nous sommes : tout cela et rien que cela. Rien que cela et tout cela.