Perdre ses soutiens
Deux
personnes parmi mes proches avaient entrepris un projet immobilier. Ils
avaient un professionnel du secteur parmi leurs partenaires.
Après diverses péripéties, des impatiences se sont manifestées parmi les parties prenantes.
Sans
doute — mais le saura-t-on jamais ? — pour des raisons d'intérêt
immédiat, le professionnel a décidé de « virer sa cuti » et de prendre
un autre parti que celui des deux personnes avec qui il avait contracté.
Pour
ce faire, il décida de ne pas accomplir certaines formalités urgentes,
ce à quoi il s'était pourtant engagé, et de faire le mort en ne
répondant plus du tout aux sollicitations.
Nous
sommes ici dans une sorte de cas classique qu'on pourrait appeler «
d'imaginaires divergents ». Manifestement, certains dans le projet ont
prêté, aux deux initiateurs du projet, des intentions qu'ils n'avaient
pas nécessairement. De cet imaginaire a découlé une indignation et des
actes en conséquence. Quelque chose est consommé dans la relation qui ne
permet plus aux différentes personnes de s'accorder sur des
représentations de la situation.
Toutes
proportions gardées, cela ressemble en tout petit à la crise
ukrainienne : chacune des parties est persuadée que le méchant, c'est
l'autre. Bientôt, tout devient permis et les bonnes intentions —
comprendre les intérêts à l'affût — sont prêtes à intervenir.
Personnellement
— à ma petite échelle, car je ne prétends pas régler les grands
conflits du monde — je fais l'économie de prêter des intentions à qui
que ce soit. C'est une économie d'énergie, d'émotion, de colère et
d'indignation et j'évite d'être celui par qui la guerre arrive.
Après
quoi, me direz-vous, que faire quand on en est arrivé là ? Je ne sais
que travailler à ce qu'on n'en arrive pas là. Parce qu'à partir de ce
point, je le crains, il n'y a plus que le rapport de force.
Tout
en se souvenant du précepte chinois : « Ne jamais faire perdre la face à
un adversaire et toujours lui laisser une porte de sortie. ».