Les
conflits de voisinage sont souvent les plus délicieux (comprendre : les
plus féroces). Qui a participé à une réunion de copropriétaires a de
fortes chances — heureusement, ce n'est pas une fatalité — d'avoir eu le
sentiment d'être au milieu d'un champ de bataille.
Dans
mon histoire du jour, l'un des habitants d'un immeuble pose une pompe à
chaleur. Problème, l'appareil est sur l'emprise d'une partie commune
d'un immeuble voisin dont les occupants n'ont pas été prévenus.
L'affaire
prend vite de l'ampleur. Un résident demande l'arrêt des travaux, —
cris, invectives, peut-être des menaces ou, disons, des mots pris pour
tels. La maréchaussée est convoquée. Comme souvent, la montagne
d'énergie dépensée accouche d'une souris et l'installation va se
poursuivre sans encombre, notamment parce que le propriétaire avait
toutes les autorisations nécessaires.
Le
lendemain, le propriétaire joue la conciliation : il s'est muni d'un
appareil pour prouver qu'il n'y aura pas de nuisances sonores et il
parle avec douceur et aménité à ses voisins.
Laissez-moi
vous raconter une autre histoire avant de commenter celle-ci. Samedi
dernier, en pleine chaleur, je participe à une soirée. Nous sommes
dehors, bien entendu, et la musique donne à plein. Là encore, des
voisins appellent la police, qui fait un rappel à l'ordre. Dans la
discussion qui s'est ensuivie entre convives, certains m'ont confié
qu'ils recevaient plus souvent la visite des autorités quand ils avaient
prévenu les voisins que lorsqu'ils ne l'avaient pas fait.
Revenons
à notre pompe à chaleur : le propriétaire à l'origine de l'événement
aurait-il dû prévenir les voisins ou, finalement, a-t-il eu raison de ne
pas provoquer les résistances par une demande d'autorisation et de
passer en force, quitte à se montrer conciliant après coup ?
Sans
répondre moi-même à cette question, car elle contient une dimension
éthique qu'il appartient à chacun de prendre en compte, ces petites
histoires mettent en lumière que le réalisme peut nous conduire à ne pas
respecter les règles. ` vouloir toujours plaire ou, formulé autrement, à
vouloir ne jamais déplaire, on finit par se porter préjudice à
soi-même. Qu'au moins, pour chacun d'entre vous, cela soit fait en
conscience.