Un
conflit intérieur ce moi-ci, à la lumière des expériences de plusieurs
personnes que j'accompagne : je veux et je ne veux pas. Je veux
participer à ce projet, mais je ne veux pas trouver du temps en
sacrifiant d'autres activités. Je veux faire telle chose, mais je ne la
fais pas ou je veux arrêter telle chose, mais je ne le fais pas non
plus.
Quelque
chose « résiste » en moi. Le drame est que nous croyons fermement que
le processus de décision est rationnel et purement logique, alors qu'il
n'en est rien. L'émotionnel joue une part considérable.
Une
des pistes qui m'apparaît comme très intéressante à explorer réside
dans les inconvénients des bénéfices. Nous voulons faire une chose,
parce que nous y trouvons — ou pensons y trouver — un bénéfice. Mais ce
bénéfice pourrait bien être, tels les pochettes surprise de notre
enfance, une boîte opaque qui renferme aussi du douloureux, le plus
souvent de façon non consciente.
Prenons
un exemple presque caricatural même si, hélas, la réalité dépasse
parfois la caricature. J'ai un père ou une mère maltraitante, qui ne me
supporte pas, qui me punit ou me frappe à la moindre occasion. Je vais
apprendre à me taire, à disparaître et à me méfier de toutes les
occasions où je pourrais être mis en valeur. Car, dans de telles
circonstances, j'apparais et je m'expose à la malveillance parentale.
Or, en tant qu'enfant, je ne peux pas me passer de mon papa ou de ma
maman. L'insupportable se joint à l'indispensable. Il y a quelque part
en moi une association entre les deux, reléguée aux tréfonds de mon
âme.
Ce
projet me permettrait de mettre en avant mes talents et de me valoriser
? Oui, mais l'association secrète joue encore à mon insu et je vais
trouver toutes les (mauvaises) raisons de ne pas le faire ou de
procrastiner : tout plutôt que m'exposer à ces douleurs insupportables
dont je garde encore les stigmates au fond de mon être.
Or,
nous n'avons pas toujours accès à tout cela, d'autant que cela peut
provenir d'expériences très anciennes et archaïques. Que faire alors ?
Peut-être simplement méditer sur le fait que ce qui se présente à moi aujourd'hui est du
«
jamais encore vécu », une expérience qui, peut-être, ressemble à des
choses que j'ai vécues mais qui n'est en rien identique. C'est
l'incertitude sur la nature de ce que je vais vivre, qui
fondamentalement différent de tout ce que je connais, qui peut me
libérer au moins en partie des fantômes du passé.