Petit exemple piqué à un participant qui a assisté à un de mes stages, mais qui a quelque chose d'universel.
Différend
avec un fournisseur qui réclame le paiement d'une facture. Problème: à
cause des vacances et de différents embarras, la facture n'a pas pu être
honorée à temps. Mais, le correspondant de l'entreprise l'assure à son
fournisseur, ce sera réglé la semaine prochaine.
Le
fournisseur ne l'entend pas de cette oreille. Il est furieux, devient
grossier, fait des allusions sur le fait que le salarié a reçu son
salaire, lui...
Indignation du salarié en question : en quoi ça le regarde, qu'est-ce qui justifie qu'on me parle comme ça, etc.
Rien,
en effet: savoir si le salarié a touché ou non son salaire ne regarde
en rien le fournisseur, pas plus qu'il n'est justifié qu'il ne s'adresse
à lui en termes injurieux.
Mais
le réflexe est souvent de prêter au malotru des intentions. Au choix:
il fait ça pour imposer sa volonté (parce qu'il aime la puissance), il
passe sa mauvaise humeur sur moi, il me méprise et me le fait savoir,
etc.
En
me référant à l'article ci-dessus, sur la violence des situations
bancales, je me demande d'abord si les trois pôles de la situation sont
explicités:
- La perception de la personne agressée, le salarié, est claire : on lui crie dessus
- Le
cadre l'est relativement, bien que, dans la situation, il n'est pas été
rappelé que dénigrer une personne n'est pas acceptable.
- L'intention, en revanche, ne l'est pas du tout.
Que
savons-nous, en effet, des arrières-pensées et intentions de ce
fournisseur : rien. En travaillant dans le stage, nous avons imaginé
d'autres possibles: il a des problèmes de trésorerie et une semaine est
un délai beaucoup trop long, il a de la pression de sa direction qui lui
reproche, par exemple et au hasard, d'avoir été négligent sur le
recouvrement dans le passé, il n'est pas à l'aise avec le fait de
réclamer de l'argent, etc.
Toutes
hypothèses qui ne sont pas plus certaines que les autres, mais qui
permettent de jeter un autre regard sur la situation. Voire même de
faire apparaître le malotru comme un peu moins malotru qu'il ne nous est
apparu.
C'est
dire que la violence perçue n'est pas toujours le fruit d'une intention
délibérée. Voire ! Peut-être qu'elle n'est que la réponse à une
violence perçue de la part de l'autre qui, lui aussi, nous prête des
intentions : il ne me respecte pas en faisant traîner le paiement de la
facture, il me « balade » avec des propos dilatoires et me raconte des
histoires et ainsi de suite.
Conclusion
: n'écoutez pas votre intuition sans la vérifier et ouvrez les
possibles, il y a mille autres configurations que celles que vous avez
imaginées et le monde est plus vaste qu'il n'y paraît...