Cela
se passe lors d'un de mes stages, à l'occasion d'une expérimentation —
un "psychodrame", dans le jargon technique — avec une personne simulant
une rencontre avec un partenaire professionnel qui, d'après elle, est de
mauvaise foi et refuse de lui répondre.
Le
psychodrame est un outil pour visualiser la représentation que le
protagoniste se fait de la situation. Cela ne se réfère pas au sens
commun de psychodrame, lequel évoque une situation émotionnellement
dramatique, mais à l'étymologie : psyché - drama : représentation de la
psyché.
Il s'agit de montrer plutôt que d'expliquer.
Dans
la situation telle que nous la "montre" le protagoniste, le partenaire
est une personne impossible, butée et totalement fermée, de sorte que,
en effet, le dialogue s'annonce impossible. Lorsque je manifeste qu'il
pourrait être utile de "laisser une chance" à la relation, ça proteste
autour de moi. D'autres connaissent la personne en question et
affirment, je cite :
« Il est de mauvaise foi, nous en avons eu plusieurs fois la preuve! »
Et alors ?
Peut-être
qu'il a été de mauvaise foi. Mais le penser incapable de changer, c'est
la meilleure manière de s'assurer que, en effet, notre relation ne va
pas évoluer, c'est la meilleure façon de figer la relation dans ce
qu'elle a de désagréable. Nous devenons alors coresponsables de la
situation.
Ça n'est plus seulement l'autre qui est de mauvaise foi. C'est aussi nous qui avons perdu la foi.